Principes des classes bilingues
Objectifs
Ces classes proposent une scolarité adaptée aux enfants sourds qui reçoivent une éducation bilingue (langue des signes - langue française) dans leurs familles.
Elles visent à assurer à la fois l'intégration sociale de ces enfants, en les plaçant en milieu ordinaire, et la réussite scolaire, en leur proposant un enseignement spécifique, en langue des signes, adapté à leur mode de communication.
Les objectifs sont donc de permettre à ces élèves sourds d'atteindre les mêmes niveaux scolaires, au même âge et avec la même charge de travail que les élèves entendants de l'établissement.
Fonctionnement
Les élèves sourds participent à la vie scolaire (récréation, self, CDI, ateliers, ...), sans accompagnement particulier. Pour les plus jeunes (école maternelle et primaire), il est souhaitable que l'équipe péri-scolaire (cantine, CLAE, ...) comprenne des éducateurs sourds.
Pour certaines matières (EPS, dessin, atelier en maternelle ...), les élèves sourds peuvent être intégrés dans les classes de leurs niveaux, accompagnés de leur enseignant bilingue ou avec la présence d'un interprète, à la demande du professeur.
Pour les autres matières, ils constituent une classe spécifique d'élèves sourds. Les
enseignements sont alors dispensés directement en langue des signes, par des enseignants
sourds ou par des enseignants entendants bilingues. Ceci garantit que les conditions normales
d'apprentissage seront respectées (compréhension des explications, interaction,...).
Les contenus de l'enseignement correspondent donc aux programmes officiels. Une pédagogie
spécifique est pratiquée, en particulier pour l'acquisition du français (lecture, écriture) au
primaire et pour l'enseignement des langues, français, langue étrangère et langue des signes
(la langue des signes est aussi enseignée, comme matière à part entière).
Ceci correspond aux objectifs fixés par les ministères depuis longtemps (mais rarement appliqués dans les établissements qu'ils contrôlent) : « Sauf en ce qui concerne l'apprentissage et l'enseignement de la langue française, il n'y a pas lieu de formuler des
programmes spécifiques /.../ Il ne saurait être question d'invoquer le retard dans l'acquisition de la langue française pour abaisser le niveau de l'enseignement dans les autres disciplines : le jeune sourd, gravement déficitaire sur le plan de la communication en français, est souvent comparable aux autres enfants dans d'autres domaines du développement, des aptitudes et des motivations ».
(circulaire n°87-08 du 7 septembre 1987, commune au Ministère de l'Education Nationale et à celui des Affaires Sociales et de l'Emploi)
Environnement
Un atelier "langue des signes" est proposé aux élèves entendants intéressés. Ils peuvent alors apprendre à mieux communiquer avec leurs camarades sourds, favorisant ainsi leur participation à la vie de l'établissement, et sont confrontés, dans un cadre positif, aux problèmes de la différence et du handicap.
Des élèves pouvant habiter loin de l'établissement (collège ou lycée), il est nécessaire d'organiser un système de familles d'accueil ou une structure d'hébergement (internat) pendant la semaine.
Enfin, en dehors du temps scolaire, les familles doivent pouvoir bénéficier d'un ensemble de services, pour leur permettre d'assurer cette éducation bilingue dans de bonnes conditions (éducation précoce, accompagnement parental, cours de langue des signes, aide au travail personnel, centre de loisirs).
Partenaires
Si à terme, il est souhaitable que l'Education Nationale assure la pleine responsabilité de cet enseignement, sa spécificité impose la recherche d'un partenariat conventionné avec différentes structures :
▪ des structures spécialisées dans l'enseignement en LS, comme L.Clerc à Noisel (77), 2LPE-Centre Ouest à Poitiers ou IRIS à Toulouse
▪ des services d'interprètes en langue des signes
▪ les parents regroupés dans les APES locales (Association de Parents d'Enfants Sourds
et non seulement de Parents d'Élèves Sourds)
▪ des structures péri-scolaires (centres de loisirs, lieux de vie de la LS)
On constate que l'organisation de ce partenariat est difficile avec l'Education Nationale, celle- ci ayant du mal à accepter qu'elle ne sait pas tout faire et ayant des difficultés à associer des intervenants aux statuts variés.
Pourtant une analyse rapide montre à l'évidence que ce partenariat est indispensable dans la période actuelle. Il permettrait en particulier l'intervention immédiate de professionnels sourds, dont le rôle est indispensable.