Association Nationale des Parents d'Enfants Sourds

Bilinguisme

Il s'agit de la maîtrise et de la pratique de 2 langues, de leurs structures linguistiques et de la culture qui leur est associée. Cette maîtrise est une des conditions du développement et de l' intégration réussie du jeune sourd dans la société.

Il faut d'abord rappeler que les situations bilingues sont très répandues chez les entendants et qu'elles sont considérées comme des sources d'enrichissement sur le plan linguistique, culturel et bien sûr social.

Les deux langues n'ont pas le même rôle ni le même statut.
La Langue des Signes est la langue naturelle de l'enfant sourd, celle qu'il doit pouvoir acquérir inconsciemment de la manière la plus naturelle possible, la langue des échanges spontanés, du plaisir, langue de structuration de la pensée et d'acquisition de la culture.
 Ceci est possible, même si les parents sont entendants. Il suffit qu'un certain nombre de conditions soient respectées. Celles-ci sont rarement remplies actuellement. Un des objectifs de l'ANPES est d'agir pour que les parents aient accès rapidement à la LS et pour que leurs enfants bénéficient de l'environnement permettant de l'acquérir dans de bonnes conditions.
Le français est la langue de la communauté nationale majoritaire. C'est aussi un outil précieux de développement culturel, d'accès à de nouvelles connaissances, de mémorisation et d'expression.

Dans l'éducation et dans la scolarité, le bilinguisme est un objectif qui devient progressivement une réalité. Il est évident que l'acquisition des 2 langues ne se fera pas au même rythme. De plus leur maîtrise n'atteindra sans doute pas le même niveau. Affirmer cela n'est en aucun cas la marque d'un manque d'ambition, mais une position réaliste et honnête.

Les parents doivent réfléchir à l'adéquation entre maîtrise et usage du français : quels objectifs de maîtrise du français, pour quoi faire ? Le français n'étant pas acquis naturellement, mais enseigné et appris via la lecture, sa maîtrise ne suit pas le même déroulement que pour les jeunes entendants. Dans ces conditions, jusqu'où peut-on accepter qu'il joue, dans la scolarité et dans la vie sociale des jeunes sourds, le même rôle que dans celle des entendants ?

Enfin rappelons qu'il ne faut pas confondre maîtrise d'une langue et modalités d'utilisation de cette langue : la modalité orale n'est pas adaptée aux sourds, ni en réception (lecture labiale), ni en émission. Ca ne veut pas dire que les sourds ne doivent pas parler ; c'est un choix individuel. Mais on ne peut pas conditionner l'éducation ou la scolarité à la maîtrise de l'oral.

Afin d'éviter toute ambiguïté, on parlera d'éducation bilingue et biculturelle, pour désigner une éducation qui vise à rendre l'enfant sourd bilingue et intégré dans la société. Dans le cadre scolaire, plutôt que de parler de bilinguisme, on parlera d'enseignement en langue des signes et en français, pour indiquer que la langue des signes est la langue de communication et des échanges dans la classe et que le français est également présent (au tableau, dans la prise de notes, dans les documents) : outil pédagogique et composante du développement culturel. De plus, les matières « langue française » et «langue des signes » sont également enseignées.